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EUREKA
16 mai 2015

VIOLATIONS DES DROITS

 

Côte d'Ivoire/Deux ans après l’arrestation d’Ourémi Amadé

Selon le MIDH le cacao du Mont Péko toujours « illégalement » exploité

 

 cacao

Le Gouvernement ivoirien devrait ouvrir une enquête et punir sans discrimination les responsables du crime organisé autour du Cacao provenant du Parc national du Mont Péko occupé illégalement par des paysans, a déclaré le Mouvement Ivoirien des Droits Humains (ci-après MIDH) dans un communiqué publié jeudi 14 mai 2015, dont lepointsur.com a reçu copie.

Le site du parc national protégé à l’ouest de la Côte d’Ivoire – dont il tire son nom du mont péko qui culmine à plus de 1000 m dans la localité de Duékoué avec une superficie de 34000 hectares – est infiltré par les planteurs de cacao depuis la crise de 2002.

Selon un recensement réalisé en 2013 par les autorités gouvernementales ce sont environ 24000 personnes qui se sont installées dans ce parc dont la moitié sont des enfants qui pour la plupart travaillent dans les plantations. « A la faveur de la crise de septembre 2002, Duékoué était une Zone tampon. Un certain OUEREMI AMADE (d’origine Burkinabé) a profité de cette crise pour infiltrer le Parc du Mont péko et y a installé ses compatriotes jusqu’à dévaster 80% du Parc pour faire des champs et des plantations de Cacao…. Il avait des armes à l’intérieur du Parc. Il a créé des check-points et un bunker…,» a indiqué le Préfet de région, Président du comité de gestion d’évacuation des infiltrés du Mont péko.

Deux ans après l’arrestation du chef milicien Ourémi Amadé qui organisait la vente illégale de la forêt, les autorités ont affirmé avoir sensibilisé les planteurs pour qu’ils quittent le parc et pourtant les paysans clandestins encore nombreux continuent à cultiver du cacao malgré l’interdiction. Ces paysans feraient même l’objet de violence et de crime organisé sur la vente de leur cacao au mépris du prix homologué et des prélèvements sont opérés dans des check-points de passage obligé dits ports secs tenus par des civils. «Ces ports secs sont contrôlés par des jeunes dont nous avons certains noms. Ces jeunes semblent être protégés par les autorités en charge de la sécurité du mont péko qui n’acceptent pas qu’on y franchisse pour en savoir davantage », A indiqué la mission du MIDH.

Les premières conclusions du MIDH sont basées sur des investigations effectuées pendant une semaine à Duékoué, Guiglo et Man. Le rapport d’une trentaine de pages publié aujourd’hui est un document d’informations comprenant des témoignages recueillis sur les exactions et les crimes organisés sur les paysans clandestins du parc. Ces informations et témoignages ont été recueillis auprès d’autorités civiles et militaires, d’opérateurs économiques et de planteurs. En dépit des intimidations des autorités en charge de la sécurité du parc du mont péko, la mission a pu poursuivre sa documentation jusqu’à terme.

A qui profitent ces prélèvements ?

Au cours des entretiens avec la mission du MIDH, des personnes ont évoqué le manque de volonté des autorités administratives et des autorités en charge de la sécurité du parc à mettre fin au système de prélèvements sur le cacao provenant du parc. «Pis, quand vous vous plaignez des prélèvements faits sur nos produits, les eaux et forêts (entendu agents de l’Office ivoirien de protection des parcs et réserves –l’OIPR) viennent détruire vos plantations si vous êtes paysans ou bien ils bloquent le camion des acheteurs qui refusent de payer les prélèvements et ils vous traitent en ennemis. Trois de nos compatriotes sont aujourd’hui en détention préventive à la prison de Man,» a déclaré un témoin.

« Quelqu’un est venu me proposer la somme de 800 millions de francs CFA si j’acceptais d’entrer dans le contexte. Je leur ai dit que mon derrière n’est pas solide…, » a indiqué une autorité en charge de la sécurité de la ville.

Bien que les autorités locales et certains jeunes qui tiennent ses ports secs aient reconnu l’ampleur du phénomène, ils semblent approuver cet état de fait et le justifie par le financement de travaux de réprofilage de voies d’accès dans le parc. « Quand on paye à 750 F CFA le kg aux planteurs, à la sortie vous payer 100 F CFA par kg que vous remettez aux jeunes qui tiennent ses barrages. Ensuite un coup de fil lancé par l’un d’entre eux te permet de traverser le dernier check-point des agents de sécurité. Ils refusent que vous donniez un reçu d’achat aux planteurs…, » a déclaré un opérateur économique.

Des autorités villageoises et chefs de canton ont confié à la mission qu’ils n’ont pas été associés à la question du déguerpissement des occupants du parc. « Ils nous ont convoqués à une réunion un jour pour dire que des sites vont être créés pour recevoir les occupants du parc du mont péko. C’est des gens avec qui nous ne pouvons pas vivre, parce qu’ils sont barbares et violents. Si on accepte aujourd’hui, c’est pour nous arracher encore nos terres. Nous souhaitons qu’on les fasse retourner d’où ils viennent. Quand ils vendent leur cacao-là, ils deviennent arrogants, ils traversent à vive allure nos villages à moto sans tenir compte des enfants » ont déclaré des notables.

« Et pourtant, dès que l’annonce de déguerpir le parc a été faite aux occupants, certains ont pu louer des portions de terre cultivables dans des villages environnants. Ce sont les villageois eux-mêmes qui leur vendent des portions de terre moyennant de l’argent », a déclaré un correspondant local de presse.

Une justice allégorique ?

« Le fait que deux leaders soient arrêtés – mi janvier 2015 – pour avoir dénoncé ce crime sur la vente du cacao et que la vingtaine de paysans illégaux aient vu détruire leurs plantations par des agents de l’OIPR après avoir porté plainte contre deux des leurs (tenant à ce jour des ports secs) et qu’un opérateur économique soit arrêté seul le 3 mars 2015 pour des faits dont ils sont trois à les avoir commis, est allégorique de l’arbitraire de la justice à laquelle se heurtent beaucoup de paysans du parc ainsi que des opérateurs économiques de la région ,» a souligné le MIDH.

Depuis la fin de crise de 2010, le Gouvernement ivoirien a fait la promesse de ne plus omettre d’enquêter sur tout délit criminel, de poursuivre et punir leurs actes. L’impunité dont jouissent les auteurs du crime organisé sur le cacao du parc au mépris de la situation dramatique des paysans du mont péko doit cesser afin de créer un climat propice au départ assisté de ces infiltrés.

« Mettre un terme à la commercialisation frauduleuse du cacao et permettre aux occupants de quitter dignement le parc du mont péko, de même recourir à une justice équitable pour des justiciables sans exclusive ni partisane requière un engagement de la part du gouvernement, en particulier du ministère d’état, de l’intérieur et de la sécurité, du ministère de l’agriculture, du ministère des eaux et forêts, du ministère de la justice et des droits de l’homme, du ministère des affaires sociales, du ministère de la défense et du ministère de la famille », a relevé Me Doumbia Yacouba Président du Conseil d’administration du MIDH.

 source lepoinsur.

 

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