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EUREKA
6 juin 2013

Difficultés dans la porciculture

Difficultés dans la porciculture

Les éleveurs de porcs accusent la SIVAC

Avril 1996. La peste porcine africaine (PPA)  avait décimé tout le cheptel porcin ivoirien .Dix-sept ans après, les éleveurs de porcs n’arrivent toujours pas à redémarrer la filière. Les difficultés sont énormes.

 « La filière porcine est morte. Nous n’avons plus les moyens pour relancer l’élevage de porcs en Côte d’Ivoire » explique M.Tia éleveur à Anyama. L’épizootie de peste porcine africaine (PPA) déclarée en avril 1996 en Côte d’Ivoire a dépeuplé  les porcheries. 15% des porcs qui les peuplaient  sont mortes et 85% autres ont été  abattus dans le cadre de l’abattage  sanitaire d’urgence initié par l’Etat pour endiguer le mal. Avant l’épizootie, la Côte d’Ivoire en comptait au moins 400.000 têtes. Dix-sept ans après, la filière porcine peine pour redémarrer. Considérant que l’indemnisation n’a couvert que le 1/3 de la valeur marchande  des animaux avant la maladie, les pertes financières enregistrées pour les élevages de type commercial s’élevait à 3,7 milliards dont 1,275 milliards  en capital cheptel et 1,425 milliards en production annuelle. A ces pertes du secteur moderne, il faut ajouter 120 millions qui représentaient la valeur des pertes  enregistrées  dans le secteur traditionnel. L’ensemble des éleveurs a enregistré une perte  de  3,820 milliards. Au plan de l’économie nationale, c’est une production de 120000 tonnes de viande  soit l’équivalent de 12 milliards et  1/5 de  la valeur de l’importation  de produits alimentaires.

La production de viande de porcs est un marché ouvert. Mais…

La production porcine  revêtait une importance particulière en Côte d’Ivoire grâce à la quantité  de viande qu’elle produisait et surtout à sa capacité de développement. Son impact social est très  important, surtout dans les zones forestières  où aucune autre production animale  ne peut la concurrencer. C’est aussi une économie  à portée de main avec un marché très ouvert. La production de ce cheptel était de 7 198 tonnes, pour une valeur de 6,760 milliards. Un grand nombre de citadins se livraient  à la porciculture à la périphérie des villes et surtout d’Abidjan. Elle était  pratiquée  par plus de 1500 familles  dont 70% en faisaient leur unique activité ou leur principale activité. Les emplois générés par la filière  étaient estimés à plus de 3000 salariés dont 80% consacrés à la main d’œuvre. Le secteur traditionnel de distribution  occupait environ 600 femmes qui en tiraient un bénéfice mensuel d’environ 40000fcfa. C’est le cas des vendeuses de « Gabriel Gare » à Yopougon. La viande de porc   se positionnait en seconde place après le poisson en Côte d’Ivoire avant l’épizootie. La PPA  a  eu des effets tant sur l’épargne national  de l’éleveur que sur l’économie  nationale. La décision d’éradiquer  la peste par l’abattage systématique a été  une décision de lourdes conséquences dont souffre aujourd’hui encore la filière. La zone de Bingerville  qui était l’un des plus grands centres de production de porcs  est sans activité aujourd’hui. Les quelques éleveurs que nous y avons rencontrés sont très amers quand ils exposent leurs difficultés. Ils se sentent abandonnés par l’Etat ivoirien. Ils interpellent le ministère des ressources animales et halieutiques. « La plus grande difficulté pour nous, c’est le manque criant de structure d’encadrement, le manque d’aliment de bétail de qualité. Aujourd’hui, nous sommes obligés de nourrir nos animaux avec des sous aliments. De sorte que pour produire un cochon de 100 kg, il faut 4 ans ! » Explique M. Tiémélé Aka, éleveur de porcs à Bingerville. En 1996, explique-t-il encore  « j’avais 4000 têtes de porcs. Aujourd’hui, regardez ! C’est triste. Il n’y a pas d’aliment de qualité, pas de semence pour améliorer nos races depuis que la peste a décimé notre cheptel porcin. L’Etat a délaissé la filière pourtant  la SIVAC fonctionne. » La Société Ivoirienne d’Abattage et de Charcuterie (SIVAC) dont l’abattoir effectue 60% des abattages contrôlés est moins soucieuse aujourd’hui de cette filière. 

L’attitude suspecte de la SIVAC

Selon plusieurs éleveurs, la SIVAC serait « à la base  de la mort de la filière porcine. Elle reçoit des subventions  pour encadrer les éleveurs. Mais elle n’a jamais rien fait» expliquent-ils unanimement. Que fait-elle des subventions de l’Etat de Côte d’Ivoire ? Pour reconstituer la filière  porcine en  Côte d’Ivoire, un investissement de 3.600 000000 fcfa était nécessaire. Selon un éleveur de porcs, des bailleurs de fonds y  avaient manifesté leur intérêt. « Mais des politiciens ont pris la filière  en otage. A l’époque, sur 15 milliards que la Banque mondiale avait débloqués pour aider la filière, j’avais demandé qu’on mette à la disposition des éleveurs, 10 milliards pour les aider dans les départements. Le ministre Lambert Kouassi Konan s’y est opposé. En fin de compte, on ne sait où cet argent est entré. Aujourd’hui la filière souffre » a révélé M. Kouaho. Il y a une véritable contradiction.  En effet l’analyse de la situation de la sécurité alimentaire de la Côte d’Ivoire aboutit à un bilan contrasté. Avec une production vivrière brute de près de 8 000 000 tonnes (pour une population de 23202000 d’habitants) le pays se trouve contraint d’importer à grands frais et  en devises fortesdes quantités considérables de produits alimentaires surtout de la viande dont l’origine est douteuse. Le Programme Spécial de la Sécurité Alimentaire (PSSA) initié par le Directeur Général de la FAO ainsi que la Stratégie pour le Développement Agricole National Horizon 2010 sont des illustrationsde la volonté politique des Autorités d’assurer la sécurité alimentaire des populations. Des mots vides de contenu ? Des discours creux ? En tout cas, la réalité c’est que l’Etat n’accorde plus d’attention à une filière aussi importante en termes de sécurité alimentaire.  Selon des sources de la FAO, ce sont au moins 120 000 tonnes de viande soit 1/5 de la valeur de l’importation de produits alimentaires que l’Etat perd depuis que la filière est en panne. La filière porcine a fortement été affectée par la peste porcine africaine de mai 1996. La Côte d’Ivoire ferait mieux de faire comme le Madagascar. En effet les autorités malgaches viennent de mettre sur pied un laboratoire qui vise particulièrement à la relance et à l'amélioration de la filière porcine à Madagascar suite à l'épidémie de la Peste Porcine Africaine (PPA) en 1998 touchant plus de 50% du cheptel  porcin. Le travail du laboratoire consiste à collecter les semences des verrats, de les congeler ou de les utiliser directement dans le but d'avoir une qualité supérieure de la race porcine pour son repeuplement et pour tous les éleveurs malgaches.

 

                               C. K

 

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